En théorie, les principes de la ventilation

Comment rafraîchir efficacement sa maison, sans climatisation ?

Comment passer l'été au frais
Les stratégies anticanicule de Thierry Salomon, thermicien et fondateur de Négawatts

Par Matthieu ECOIFFIER
samedi 22 mai 2004 (Liberation – 06:00)

Réduire l'ensoleillement

“La protection végétale (arbres, pergolas, lierre qui rampe sur les murs, chèvrefeuille) peut se révéler efficace pour limiter les apports de chaleur. Dans les maisons individuelles, mais aussi sur un balcon en ville. Les feuilles rafraîchissent l'air par évaporation. La vigne vierge est particulièrement intéressante car, l'été, les feuilles font de l'ombre et, l'hiver, elles tombent, ce qui permet de réchauffer les murs. Dans les pays chauds, les murs sont blancs, car les couleurs claires limitent le rayonnement. Ensuite, il faut protéger les fenêtres du rayonnement. Toute une palette de solutions existe : stores extérieurs, persiennes, volets. Les moucharabiehs (fenêtres grillagées de l'architecture arabe, ndlr) sont particulièrement ingénieux puisqu'ils permettent de garder une ventilation, tout en obturant le soleil.”

Isolation et masse thermique

“Lors de la canicule, l'été dernier, c'est souvent un manque d'isolement des toitures qui a généré la suchauffe. L'isolation est importante mais elle doit s'accompagner de masse thermique : des matériaux lourds (pierre, béton, brique pleine, terre comprimée) qui vont stocker la chaleur. Dans les bâtiments anciens et épais, la chaleur entre et se stocke dans les murs, avant d'être relarguée la nuit avec un phénomène d'amortissement...”

Ventilation nocturne

“Il faut profiter de la fraîcheur nocturne en ventillant son logement au maximum. La nuit, entre 23 heures et 8 heures du matin, on dispose d'une réserve de froid naturelle. La meilleure ventilation consiste à ouvrir deux fenêtres opposées. On accélère ainsi le transfert de fraîcheur vers les murs. Encore faut-il qu'ils soient assez épais pour la stocker. En ville, où il peut y avoir certes un problème de bruit la nuit, des ventilateurs mécaniques permettent de brasser de l'air et d'abaisser la température de 1,5°C à 2°C. Fixés au plafond, ils tournent à petite vitesse: dès 1 mètre par seconde, cela favorise l'évacuation de la transpiration. Une fois qu'on a fait tout ça, on a gagné entre 5°C et 6°C par rapport à un logement pas isolé, sans masse thermique et sans ventilation nocturne.”


Ventilateurs plafonniers

Limiter les apports internes

“Dans les logements modernes, l'ennemi chaleur est souvent à l'intérieur. Lampes halogènes, ordinateurs, téléviseurs en veille: tout cela peut entraîner quelques degrés supplémentaires. Le remplacement par des appareils moins gourmands de type classe A, d'un écran plat LCD à la place d'un tube cathodique, peut se révéler fort efficace.”

Evaporation d'eau

“Il existe de petits brumisateurs d'eau. Lorsque les fines gouttelettes se transforment en vapeur d'eau, elles pompent de la chaleur dans l'air. D'où une véritable sensation de frais due à ce transfert d'énergie. C'est la raison pour laquelle il fait meilleur en bord de mer, d'une rivière ou d'un lac. En cas de forte canicule un bon système D consiste à étendre un drap mouillé devant une fenêtre ouverte ou un ventilateur, et à le réhumidifier lorsqu'il est sec avec un pulvérisateur de jardin.”

Le puits canadien (ou puits provençal)

“Le puits provençal consiste à faire passer l'air qui arrive dans la maison par une tuyauterie à deux mètres sous terre, par exemple dans le jardin d'un pavillon. A cette profondeur, la température est stable et inférieure de 7°C à 8°C à celle de l'extérieur. L'air est tiré par un ventilateur pour arriver dans la maison. L'avantage, c'est que ce dispositif sert aussi de chauffage d'appoint l'hiver, car le sous-sol est alors plus chaud que l'extérieur. Quelques centaines de maisons et de bureaux en sont équipés en France, mais ce système n'est pas encore standardisé.”

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